Le plaisir retrouvé ? Violette Leduc et l’écriture de la sexualité
- Les premières œuvres : écrire le monde, écrire le désir
Née à Arras en 1907 et non reconnue par son père, c’est sous le signe de la bâtardise que Violette Leduc écrira son œuvre, donc contre la morale sexuelle d’une époque, celle des années 1950-1960.
En 1942, elle est réfugiée en Normandie dans le petit village d’Anceins, en compagnie de Maurice Sachs, homme de lettres, Maurice Sachs qui l‘encourage à écrire ses souvenirs, car dit-il, elle commence à « l’emmerder avec ses malheurs d’enfance. »
L’Asphyxie (1946) naîtra donc de l’injonction de Sachs, homosexuel, qui ne sera jamais son amant. Ce premier ouvrage de Leduc est effectivement un récit de souvenirs, une autobiographie sans progression chronologique, un kaléidoscope de vingt-et-un courts tableaux qui évoquent la violence de la mère, ou, au contraire, la bonté de Fidéline, la grand-mère trop tôt disparue. Mais en retrouvant un regard d’enfant, la narratrice de cet ouvrage autobiographique fait le portrait faussement innocent et, pour ainsi dire, sidéré, de personnes de son entourage, de proches voisins. Et, du point de vue de la petite-fille à travers les yeux de laquelle voit l’écrivaine de trente-cinq ans, ces personnages sont effrayants. Carlo Jansiti parle dans sa biographie de « véritable galerie de déviants » sexuels. Citons Mme Barbaroux, qui frotte et astique sans cesse les meubles de sa maison, Mme Panier qui révèle à la petite fille le secret obscène des mains gantées de son mari et surtout le couple Pinteau, frère et sœur incestueux. Pinteau tente de violer Violette dans la serre au fond du jardin : inceste, viol, perversion : voilà comment, dès la première œuvre de l’autrice la sexualité des adultes s’écrit chez Violette Leduc. Une écriture lucide, et frondeuse, maîtrisée avec aisance, s’invente. Comme Leduc le dit dans La Bâtarde : « ma plume ne me pesait pas. Je continuai d’écrire L’Asphyxie avec l’innocence et la facilité d’une barque poussée par le vent. Innocence d’un commencement. »
Cette « innocence » est le terme parfait pour qualifier l’affranchissement total et immédiat d’une écriture de tous les codes de la morale. Cette innocence assumée, ou feinte, pour dire la perversion va de pair avec une écriture particulière qui refuse l’introspection pour devenir celle de l’observation, observation complaisante et ambiguë d’un monde d’adultes dont la sexualité brutale serait la seule trace laissée sur une mémoire d’enfance. On retrouve dans certains passages de La Bâtarde et, surtout, de Ravages quelques substrats de cet univers. Je pense à l’épisode que l’on a nommé « le bébé dans la ruelle », qui constituait le début d’un des cahiers manuscrits dédiés à Simone de Beauvoir, un épisode si ambigu et dont l’obscénité est si forte car il intervient au milieu d’un dialogue avec la mère de la narratrice, qu’on pourrait se tromper aujourd’hui sur sa teneur en apparence perverse.
« Le bébé dans la ruelle n’a pas de culotte. »
Pourtant l’œuvre de Violette Leduc prend un autre tournant à partir de la publication de son second livre, L’Affamée en 1948, et elle devient l’expression d’un désir pour une femme intellectuelle et belle dont Violette Leduc s’éprend : Simone de Beauvoir.
L’Affamée est en effet une ode poétique, onirique et érotique à Simone de Beauvoir. A l’origine, les cahiers manuscrits de L’Affamée se présentaient comme un journal intime, un « journal d’une absence ». Mais à la suite de l’effacement des repères chronologiques propres aux marques diaristes, avant sa publication, on découvre un long poème fragmenté qui crie le manque, la chasteté forcée et la souffrance amoureuse.
« Elle voyagera pendant trois mois. Nous avons encore la même chute des jours, le même lever d’étoiles. La nuit, elle dort dans ma ville. Je veille et je règne à distance sur son sommeil. Je sortirai de ma chambre. J’irai, je lèverai la tête, j’embrasserai les fenêtres de son immeuble en les regardant. Je sonnerai à sa porte. La gérante apparaîtra. Je m’agenouillerai. Je réciterai son prénom et son nom. »
L’érotisme de L’Affamé est puissant et parfois mystique, d’un mysticisme influencé par la lecture des évangélistes, comme Jean de La Croix ou encore de John Donne un mystique anglais (bio J p. 231) et d’un mysticisme amoureux dont l’écriture simule le dépassement dans l’ascèse.
L’écriture du désir sexuel passe nécessairement, chez Leduc, par une écriture détournée, poétiquement perverse.
En 1951, dans le journal d’un voyage dans le sud de la France, Violette Leduc élabore une poétique de l’adresse amoureuse, à travers l’érotisation des paysages qu’elle traverse. Ce récit sera publié en 1966 sous le titre Trésors à prendre. Le thème de la cathédrale, déjà présent dans L’Affamée, se développe comme la forme du corps de l’aimée, Simone de Beauvoir :
« Vous êtes mon pèlerinage sur les cinq continents, vous êtes mon but et mon relai (…) »
La nuit, le rêve la surprend, comme par traîtrise : « c’est une malédiction de rêver en dormant. J’ai rêvé que vous m’aimiez, Madame, et je savais que je rêvais pendant que vous m’aimiez ».
La narratrice alors est prête à rencontrer un paysage, un monument, prête à rencontrer la Cathédrale d’Albi, et à y reconnaître intensément Beauvoir, celle dont la chair se fait pierre :
« Je vous ai rencontrée, Madame, dans la couleur, dans la forme, dans la pierre d’une cathédrale (…) Le matin, à midi, le soir, à minuit, j’ai effleuré le grain de votre peau avec mes doigts, avec mes cils, avec mes joues. Moi religieuse dès qu’il s’agit de vous, j’ai frôlé avec mes lèvres l’épiderme ardent de la cathédrale. Vous, c’est elle, vous, Madame, ma beauté solide (…) Vous êtes ma cathédrale albigeoise, vous êtes ma forteresse. J’ai mon chemin de ronde autour de votre taille (…) J’ai revu votre front dans la pierre enflammée de la cathédrale. »
C’est dans Trésors à prendre enfin que surgit un motif central : le plaisir solitaire, comme source d’inspiration, de re-création et de compensation de l’absence. Par exemple, la narratrice reste trois jours dans un hôtels et « s’être aimée » elle-même en pensant à “Madame” car ainsi nomme-t-elle Simone de Beauvoir dans toute son œuvre. Je reviendrai sur cet aspect important de l’écriture de la sexualité chez Leduc.
A cette époque, entre 1946 et 1951, on constate donc que cette écriture du désir pour un « corps interdit » dans les trois œuvres que j’ai mentionnées, passe par un détournement poétique. Mais dans la correspondance, l’expression du désir est beaucoup plus hardie, tout en demeurant ,à proprement parler, magnifique. Dans une lettre à Simone de Beauvoir, datée du 31 décembre 1945, Violette Leduc fait quelques allusions : au « Journal » qui deviendra L’Affamée, à la première rencontre au café de Flore, un 6 mai, au « renoncement » qui est le renoncement à l’amour physique partagé : (p. 45)
« Je fais régulièrement mes exercices de renoncement et quelquefois j’obtiens des résultats : ces jours derniers, il suffisait de penser que vous existiez dans un pays de neige ou de soleil à Paris. (…) Je réfléchis à ce que j’écris : pendant un an votre loyauté, votre franchise, votre indifférence lisse et sûre comme un marbre ont été mes appuis. Je vous écris souvent par cœur. J’ai renoncé au journal qui fut d’abord un calmant puis un excitant. Je vais le continuer et je ne me laisserai plus aller à la surenchère. Mais je vais peser un instant sur votre journée quand vous lirez ceci. Enfin, cela est plus vrai, plus profond, plus vivace que cette lettre. Cela paralyse l’écriture. »
« cela » : le pronom démonstratif enserre dans une même étreinte le renoncement et le désir.
On peut se poser alors la question suivante : est-ce que la volonté que Leduc de dire « cela », le sexe, ne constituera pas dans ses œuvres à venir l’unique voie pour échapper à l’impossibilité d’une écriture amoureuse, une écriture dans laquelle dire le plaisir, la souffrance et l’aveu sont, sinon impossibles, du moins constituent le plus grand défi pour l’autrice ? Que signifie alors, dans l’œuvre de Leduc, l’émergence du texte le plus scandaleux de la première moitié du XX° siècle ? Thérèse et Isabelle.
- Thérèse et Isabelle : le récit sexuel comme acte de bravoure
La première partie de Ravages, censurée par le comité de lecture de Gallimard en 1954, est le plus grand texte érotique de Violette Leduc, et aussi l’un des plus grands textes érotiques du XX° siècle. Je voudrais insister sur la façon dont ce texte, scandaleux pour l’époque, est devenu mythique, au point d’avoir été ôté de l’édition initiale de Ravages. Jacques Lemarchand, membre du comité de lecture de Gallimard qualifie ce récit des relations sexuelles entre deux compagnes au collège de Douai : Thérèse, premier prénom de Violette Leduc et Isabelle, de la manière suivante :
« L’histoire des collégiennes pourrait (…) constituer un récit assez envoûtant – si l’auteur consentait à entourer d’un peu d’ombre ses techniques opératoires »
Le livre est publié en tirage à part, à de rares exemplaires, à partir d’un faux-brouillon commandé par Jacques Guérin, un riche industriel mécène et ami de Violette Leduc. Et Thérèse et Isabelle connaîtra, malgré son amputation de Ravages, un succès d’estime car il sera finalement publié par Gallimard en 1966, puis dans une version plus complète en 2000 par Carlo Jansiti, toujours chez Gallimard. Entre temps le texte sera largement repris et intégré dans La Bâtarde, en 1964. La réintégration, aujourd’hui, de cette partie censurée de Ravages dans l’édition 2023 est un hommage à titre posthume ainsi qu’une réparation.
Thérèse et Isabelle est bien un texte érotique en tant que tel puisque la relation charnelle est l’objet du texte. C’est sans aucun doute parce que cet objet était clairement circonscrit que l’ouvrage a tant choqué plus que parce qu’il s’agissait d’évoquer l’amour entre deux femmes.
Lire Pp 60-61
Thérèse et Isabelle est un texte un marqueur, un révélateur. A travers sa censure, il révèle la violence éditoriale d’une époque. Il porte en lui la marque de l’injustice faite à une écriture de l’intrépidité « innocente » car mettre en mots les rapports amoureux de deux jeunes filles était un acte de bravoure.
Mon propos, on l’aura compris, n’est pas de faire une étude stylistique de la façon dont Violette Leduc « dit » le sexe, mais plutôt il est de souligner l’importance de ce discours du sexe dans une œuvre, dans une vie, dans une époque.
A ce titre, l’écriture de Thérèse et Isabelle et son audace poétique traverse les époques, les générations et s’impose toujours avec la même vigueur, celle d’un texte qui ne vieillit pas. Ce livre révèle l’éternelle découverte de l’amour physique dans un texte, une première découverte éblouissante, en particulier, pour plusieurs générations de lesbiennes dès la fin des années 1960 et jusqu’à aujourd’hui. Enfin ce texte, en grande partie repris dans La Bâtarde, contribue au succès de scandale d’un livre qui frôlera le prix Goncourt.
- L’autobiographie scandaleuse
La Bâtarde : au commencement est l’acte de la mère
Ainsi le récit des amours de Thérèse et Isabelle non publié en 1964 est-il repris au début de ce premier tome explicitement autobiographique, de même que l’évocation du couple Hermine-Violette et du trio Hermine-Gabriel-Violette, le trio de Ravages. Succès d’estime, succès de scandale, La Bâtarde choque et ébloui, par la sincérité intrépide dont le récit fait preuve : l’affirmation de la bâtardise ancre un récit des origines dans l’acte sexuel de la mère et dans l’absence de légitimation de la part du père.
La Folie en tête : un manifeste du plaisir solitaire
La Folie en tête, paraît en 1970. Ce second tome, que Violette Leduc appelait « la suite de La Bâtarde » poursuit le projet autobiographique qui était le sien autant que celui désiré par Simone de Beauvoir. La Folie en tête s’ouvre avec la date fatidique, celle de février 1945, date de la rencontre avec SdeB. Le sexe s’absente momentanément, au profit du récit d’un amour impossible : l’affamée a suivi son étoile, son modèle littéraire mais elle s’est forgée sa propre voie, en détournant subrepticement le récit chronologique pour s’en échapper sans cesse. Dans ce second tome de la trilogie autobiographique, il s’agit ni plus ni moins que d’évoquer la venue à l’écriture dans le plaisir et le renoncement.
L’écriture de la sexualité prend alors, au fil du récit toute sa portée auto réflexive sur l’acte d’écrire, devenant non plus l’objet évoqué de manière « intrépide », provocatrice et perversement innocente : elle est constitutive d’une réflexion auto centrée sur la venue à l’écriture.
Cette auto-réflexivité revêt une forme métaphorique.
Au cœur du livre il y a une scène, celle où Violette invite à déjeuner dans son deux-pièces de la rue Paul-Bert Jean Genet, dont elle était aussi très amoureuse, accompagné de Gérard Magistry. L’on se souvient peut-être de cette scène, de la rage de Genet, lequel, exaspéré par la lenteur obséquieuse de son hôtesse se lève brutalement et tire la nappe de la table, renversant plats, couverts et vin qui la revouvraient. Cet épisode est extrêmement développé dans le manuscrit, moins dans le livre publié. Se souvient-on de « l’après », du moment de désespoir Violette restée seule chez elle se livre au plaisir solitaire. Un mauvais déjeuner ? un « mal de Genet » comme l’écrit Leduc dans un manuscrit de La Folie en tête. Cet épisode concentre toute l’audace de l’écriture de Violette Leduc :
Lire pp. 297-298
D’un point de vue féministe, les pages suivantes montrent pour la première fois une femme qui décrit par le menu ses gestes, assume le plaisir désespéré qu’elle éprouve et affirme haut et fort la chose suivante :
Solitaires, maudits, isolés, martyrs de la solitude : ne vous frappez pas pour si peu. J’aurai bientôt soixante ans. Je suis plutôt fière de le signaler : ma vigueur me revient plusieurs fois par an. Je cède à cette monotonie vertigineuse. Pas une plage de tendresse pour se reposer après, comme après l’acte d’amour à deux. Le feu a tout brûlé.
(La Folie en tête, p.212, NRF)
L’écriture du plaisir solitaire inscrit doublement l’enjeu de l’écriture de la sexualité chez Violette Leduc : d’une part cette écriture pousse hardiment les frontières de l’érotisme en littérature, mais elle est révélatrice d’une conception de l’écriture de soi qui trouve un mobile, pour ne pas dire une légitimité dans la quête du plaisir retrouvé.
La Folie en tête est l’ouvrage autobiographique qui offre à travers l’écriture érotique un regard spéculaire sur l’acte d’écrire et surtout sur sa motivation profonde. En ce sens l’écriture fait de l’autoérotisme un mode opératoire, la source d’un travail de mémoire trouvant dans la sensation érotique le reflet de l’invention d’une poétique du plaisir et de la perte.
- La Chasse à l’amour : poétique sexuelle et fête des corps
Il vient un moment où, dans l’œuvre de Leduc, la sexualité cesse d’être un objet, un support, un contenu, l’objet de l’écriture pour en devenir la métaphore, le projet explicite. « Ecrire, c’est se prostituer, c’est aguicher, c’est se vendre » écrivait-elle dans La Folie en tête, et même : « écrire c’est tremper sa plume dans ses ovaires. » Ainsi écrire l’amour, écrire le plaisir dans Thérèse et Isabelle, c’était le vivre de nouveau. Il en est de même pour la relation avec René dans La Chasse à l’Amour, troisième tome de l’autobiographie qui paraîtra après la mort de l’écrivaine mais dont le lyrisme érotique fait résonnance avec celui qui est visible dans l’œuvre censurée. Et le rapprochement se fait parce que ce lyrisme va jusqu’à inverser le discours, classiquement genré sur le sexe.
Dans notre premier recueil d’articles sur les études des manuscrits de Violette Leduc, Anaïs Frantz et Alison Péron ont montré que les passages érotiques évoquant la relation sexuelle de Violette et de René se fondait sur une sorte de célébration du sexe masculin dans une optique poétique qui tendait à féminiser le pénis de l’homme. « Violette Leduc cherche des images inédites pour décrire le sexe masculin qui portent atteinte à la puissance virile on découvre ainsi une « couille comparée à une figue fraîche violacée (…) ornée de sa goutte de sucre » (LVL auj. p. 69)
La célébration est ainsi fortement féminisée par l’écriture, la conjonction sexuelle est évoquée longuement, dans un souci obsessionnel et jouissif du détail. L’évocation de la jouissance est une jouissance : cette poétique érotique rejoint plus de vingt ans après celle de Thérèse et Isabelle. Le corps de l’autre, son sexe, évoqués dans leur crudité et gourmandise, relève d’un seul et même désir : créer, recréer et non simplement revivre.
En fin de compte, ce que l’on peut retenir de l’écriture de la sexualité chez Violette Leduc, ce n’est ni plus ni moins que l’invention d’une écriture qui se veut à la fois une quête et un retour. Dès les premières œuvres, la sexualité parcourt les textes, de manière « obscène » dans le bon sens du terme, dans le sens d’une mise en scène poétique de l’intimité. Son œuvre suit la vie, au gré du désir et des rencontres avec le corps de l’autre. Le texte de vient chair, sans aucune barrière, dans une sorte d’innocence que seuls les grands artistes peuvent revendiquer. Je citerai avant de terminer cette intervention, Simone de Beauvoir elle-même, car celle-ci a tout dit dans sa préface de La Bâtarde :
« (Violette Leduc) s’intéresse, au hasard des rencontres, à tous les gens qui ont réinventé pour leur compte la sexualité (…) L’érotisme chez elle ne débouche sur aucun mystère et ne s’embarrasse pas de fadaises ; cependant, c’est la clef privilégiée du monde ; c’est à sa lumière qu’elle découvre la ville et les campagnes, l’épaisseur des nuits, la fragilité de l’aube, la cruauté d’un tintement de cloches. Pour en parler, elle s’est forgée un langage sans mièvrerie ni vulgarité (…) Elle a effarouché pourtant les éditeurs. » (L’Imaginaire p. 16)
L’écriture de soi, l’écriture du sexe, n’est pas seulement l’écriture du plaisir sexuel. C’est l’écriture de la perte amoureuse, puisque l’amour ne se vit que dans la perte, le plaisir inachevé et le regret. Le sexe se mue en style pour retrouver, réparer et inventer l’amour.