
Professeure de lettres, Ghyslaine Charles-Merrien est l’auteure d’une des premières thèses sur l’oeuvre de Violette Leduc: Le corps morcelé, en 1988. Elle intervient lors du premier colloque consacré à Leduc à Lille en 1996, puis lors de la journée d’études à Arras en 2007. Amie de Françoise d’Eaubonne et de Monique Lange, elle aborde volontiers l’oeuvre de Violette sous l’angle artistique. Sa communication vendredi 17 octobre porte sur les rapports très étroits tissés entre le texte et le tableau à travers des récurrences autant psychanalytiques qu’esthétiques.
Communication dans le cadre du colloque « La Bâtarde a cinquante ans » (2014)
Violette Leduc et la peinture
« Rembrandt me fait penser à un alchimiste qui a trouvé l’or et Van Gogh à Dieu au début de l’Ancien Testament : le premier jour Van Gogh crée la couleur, le deuxième jour la lumière, le troisième jour le printemps, le quatrième l’arbre et la fleur, le sixième les souliers et les galoches, le septième son portrait. »
Lettre à Simone de Beauvoir, en date du 7 août 1954.
Cette étude se propose d’analyser comment à travers sa volonté d’amener « le cœur de chaque chose à sa surface », Violette Leduc s’est faite visionnaire en trouvant « les fins outils » lui permettant de transfigurer la réalité par la force picturale d’une écriture au service de sa sensibilité et de son imaginaire. Si cette force picturale s’est faite l’écho, volontairement ou non, de mouvements modernes et contemporains, comme le surréalisme, le nouveau réalisme et même le pop art, elle porte aussi l’empreinte d’un lien étroit tissé avec celui dont elle se revendiquait la fervente disciple : Vincent Van Gogh. Ce « Titan de la misère », qui l’a ouverte à la peinture et dont elle considérait la correspondance avec son frère Théo « comme un des plus grands livres du monde », l’a habitée tout au long de son oeuvre. Il s’agira donc d’analyser l’influence du peintre sur l’écrivaine dans l’art de renouveler les natures mortes à travers les végétaux, les animaux, les objets du quotidien, et plus particulièrement des souliers, très présents dans l’œuvre de Violette Leduc comme dans celle de Van Gogh qui traitera ce sujet jusqu’à la fin de sa vie.